Spécialité

Une passeuse de mémoire au lycée

Présidente de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (AFMD) dans le Finistère, Maryvonne Moal est intervenue auprès d’une soixante d’élèves du lycée Brizeux le 23 janvier 2024. Sur une double thématique : les Tziganes et la Seconde Guerre mondiale, avec un focus sur le Finistère, et l’histoire d’un résistant-déporté, Emile Jegaden, son propre père.

Tous les élèves de terminale, spécialité HGGSP, ainsi que les candidats au Concours National de la Résistance et de la Déportation 2024, s’étaient réunis dans la salle Marie Curie du lycée pour participer à cette intervention très enrichissante, dévoilant des pans d’histoire encore largement méconnus.

Si les lycéens sont très au fait de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, le sort spécifique des Tziganes ne fait pas encore l’objet d’une grande médiatisation. La présentation par Maryvonne Moal de son travail à ce sujet et du livre qu’elle en a tiré (« Les Tziganes et la Seconde Guerre mondiale – Regards sur le Finistère ») constituent donc de précieux vecteurs de connaissances, notamment pour les élèves de terminale HGGSP, cette thématique figurant à leur programme pour le baccalauréat. Une intervention très instructive pour chacun, grâce au souci de profondeur historique de Mme Moal et à la présentation de ses méthodes de travail (du recueil de témoignage au travail dans les archives) !

Maryvonne Moal évoquant le sort des Tziganes

La deuxième partie était consacrée à la résistance et à la déportation d’Emile Jegaden au Struthof-Natzweiler puis à Schömberg, avant les marches de la mort vers l’Autriche, son évasion, sa libération par les troupes américaines et son retour dans sa commune natale de Plougasnou, via l’hôtel Lutétia de Paris. « Je ne suis pas un survivant [des camps], je suis un revenant ». C’est de « là-bas » que le résistant du mouvement Libé-Nord est revenu, de la déportation sans doute, mais d’un autre monde, surtout ! Selon sa fille, il s’en est sorti parce qu’il « aimait la vie », « il aimait l’humain », « il aimait le beau ». Sans oublier la solidarité avec son copain Gaby, mais aussi, tout simplement « la chance ». Pour autant, jusqu’à la fin de ses jours, il a continué à faire des cauchemars la nuit – une partie de lui-même étant restée « là-bas » – et n’a commencé à témoigner qu’en 2005, « mais toujours sans haine, en expliquant inlassablement les dangers de la violence, de l’antisémitisme, du racisme, de la xénophobie ».

Le mot de la fin revint comme il se doit à Maryvonne Moal : elle en a profité pour rappeler le mantra de son père « rappelle-toi, c’est beau la vie ! », tout en invitant les lycéens, à partir des deux exemples évoqués (celui du sort des Tziganes et celui de son père), à « réfléchir et à nourrir [leur] libre-arbitre ».