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Je leur dis : “ Girl power, allez-y !” »

Article de Marion Gonidec (Ouest-France 17/10/2024)

«  Je leur dis : “ Girl power, allez-y  !” »

Entretien avec Keven Commault professeur de mathématiques en classes préparatoires, au lycée Brizeux.

Quel est l’esprit de la classe préparatoire scientifique PCSI (physique, chimie, sciences de l’ingénieur)  ?
Les «  maths sup  » (1 année) et «  maths spé  » (2 année) se sont un peu diversifiées, mais elles restent des classes avec une très forte dominante de mathématiques, une dizaine d’heures, suivie de près par la physique et la chimie. Ici, les étudiants préparent les concours d’entrée aux les grandes écoles. Il existe plus de 200  grandes écoles, c’est donc une filière, où il n’y a pas d’échec, dans la mesure où il y a plus de places au concours que de candidates et de candidats, par rapport, par exemple, aux classes préparatoires littéraires, où il y a très peu d’écoles.

Nos élèves, entre 90 et 100  élèves à Brizeux, se spécialisent en 2 année, soit en chimie, soit en sciences de l’ingénieur.e  L’établissement bataille pour casser la sous-représentation des jeunes femmes…
Des garçons, pas très sérieux, affichent une confiance en eux démesurée, alors que de nombreuses jeunes femmes, très sérieuses au contraire, arrivent ici en se demandant si elles vont y arriver, si c’est là leur place. L’évolution manifeste, c’est la prise de conscience qu’il y a un vrai sujet. Combien d’élèves femmes dans vos classes  ? On travaille beaucoup là-dessus et nous avons de bons indicateurs, avec, d’une année sur l’autre, une moyenne de 40  % de filles dans nos classes préparatoires, au-dessus de la moyenne nationale. Je dis aux jeunes lycéennes qui viennent avant Parcoursup, allez-y,   ! Les filles qui sont, en général, d’excellentes élèves au lycée et qui ne se sentent pas légitimes pour aller en classe prépa ensuite, c’est un problème.girl power Vous dites, depuis la réforme du lycée, les choses ont empiré…
C’est clair. Je schématise à grands traits  : une jeune fille de seize ans, elle est sérieuse, motivée, a du goût pour tout. Mais aussi pour les sciences de la vie et de la terre (SVT), en plus des mathématiques et de la physique.  Quand elles arrivent en terminale, on leur dit de choisir deux matières parmi trois.
Beaucoup se disent, j’ai de bons résultats, pourquoi arrêter  ?

La réforme a rendu les choses moins lisibles. Est-ce cohérent d’arrêter la SVT pour faire médecine  ? Dans le système, oui, mais ce n’est pas du tout intuitif. Certaines prennent donc mathématiques complémentaires, mais c’est beaucoup plus difficile ensuite. Perdre la moitié du vivier, des scientifiques et des futurs ingénieurs en France, c’est dramatique.

M. G.Propos recueillis par Ouest-France – 16/10/2024

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