Des résistantes « inspirent » ces lycéens de Brizeux (Ouest-France 29/11/24)
Article de Guillaume CHASSAING (Ouest-France 29/11/24).
Les élèves de la 1ère 5 du lycée Brizeux enquêtent sur les histoires de cinq résistantes qui ont été scolarisées dans leur établissement. Ils vont ensuite leur rendre hommage.
Des élèves du lycée Brizeux travaillent sur les résistantes qui ont été scolarisées dans leur établissement.
L’initiative
C’est en lisant a Rose et l’Edelweiss – Ces ados qui combattent le nazisme de 1933 à 1945,de Roger Faligot (éditions La Découverte, 2009) que Delphine Le Floc’h tombe sur le nom d’Anne Corre. La professeure d’histoire-géographie retombe sur elle dans la bande dessinée, de Roger Faligot et Alain Robet (Steinkis, 2016).
« Dans la BD, Anne Corre est associée au lycée de jeunes filles de Quimper, qui est aujourd’hui le lycée Brizeux, relate Delphine Le Floc’h, engagée dans le travail de mémoire par le biais du concours national de la résistance et de la déportation. J’ai poursuivi les recherches sur notre établissement et j’ai trouvé les histoires de plusieurs résistantes. »
Anne, Jacqueline, Éliane…
L’enseignante retrouve Anne Corre, Jacqueline Razer, Éliane Burckel, Yvette Bicrell et M. Pouliquen [la recherche de son prénom fait partie du travail des lycéens N.D.L.R.], toutes les cinq étaient scolarisées au lycée de jeunes filles de Quimper durant l’année scolaire 1943-1944. Delphine Le Floc’h en parle à la rentrée scolaire aux 33 élèves de la 1 5 du lycée Brizeux. Ils adhèrent. Le projet est lancé dans le cadre de leur cours d’enseignement moral et civique.
« On ne connaissait pas du tout leurs histoires, reconnaît Emma Chaffangeon, 16 ans. C’est incroyable de se dire qu’il y avait des résistantes dans notre établissement. »
Le groupe Marceau
Les lycéens forment cinq groupes de travail. Ils vont récupérer des éléments en se rendant à la médiathèque voir l’exposition , dont une partie évoquait les femmes dans la résistance.
Ils apprennent que les cinq jeunes femmes résistantes intègrent le groupe Marceau en compagnie d’une quinzaine de jeunes hommes du lycée de garçons de la Tour d’Auvergne. Tous, âgés de 17 à 18 ans, mènent des actions de résistance, allant de la distribution de tracts à des actes de sabotage. Les jeunes femmes se chargent aussi d’opérations de renseignement, jouent le rôle d’agents de liaison, pistent les « collabos » et assurent l’intendance du maquis, que les garçons doivent rejoindre pour échapper à la répression. Elles les ravitaillent, les informent et sont, elles aussi, finalement contraintes à la clandestinité, à tout juste 18 ans. Anne Corre et Jacqueline Razer sont arrêtées le 22 mai 1944 à Brest. La première est déportée et décède vraisemblablement dans un camp, non loin de Berlin. La seconde subit des exactions.
« Elles nous questionnent »
Le projet des lycéens de 1ère 5 est de poursuivre leurs recherches sur ces résistantes, disent-ils, afin de leur rendre hommage.
Mardi, lors du passage de la Flamme de la mémoire à Quimper, Léna Le Gall-Sourdin, 15 ans, et Naïg Robino, 16 ans, ont également annoncé la volonté de leur classe de créer et d’installer, au printemps 2025, une plaque mémorielle dans l’enceinte du lycée Brizeux, pour rendre hommage à ces résistantes. Ils travaillent également en collaboration avec des élèves de 3 du collège de la Tour-d’Auvergne pour planter un arbre (un chêne) dans le parc du lycée Brizeux.
« Elles sont inspirantes », estime Amélie Delamarre, 15 ans. « On les admire », « elles nous questionnent », confie Mathys Henon, 16 ans. Et surtout disent-ils avant de conclure : « On se doit de partager leurs histoires avec le plus grand nombre et de leur rendre hommage. »