Non classé

« Les filles ont toutes leur place en prépa sciences »

Article de Marion Gonidec (Ouest-France 16/10/2024)

Éléa Mear, étudiante en première année en classe préparatoire scientifique au lycée Brizeux.

 

Éléa Mear, 18 ans bientôt, aimerait un jour travailler dans l’aérospatiale. Elle est entrée en classe préparatoire scientifique au lycée Brizeux. Nous allons suivre son parcours.

Rencontre
Éléa Mear fêtera ses dix-huit ans en novembre. Juste avant la respiration, relative et attendue, des vacances de la Toussaint et le retour au bercail familial, elle poursuit, à Brizeux, son marathon de rentrée en première année de classe préparatoire scientifique. Des semaines déjà ponctuées par les devoirs surveillés du samedi matin, « les khôlles » à l’oral, les interrogations du lundi, une deuxième langue vivante abandonnée, en cours de route, pour gagner du temps en révision.
« J’ai commencé à douter » La classe prépa, Éléa n’était pas bien sûre. , questionne la jeune femme, affable, sociable, qui sourit, se confie et se lie joyeusement d’amitié, tout autant qu’elle se remet parfois trop douloureusement en question. « L’an dernier, j’étais en maths expert, je n’ai pas eu de très bons résultats, j’ai commencé à douter. Est-ce que ça va vraiment me plaire ? Ai-je vraiment le niveau ? »
Comme ses homologues féminines et même si les choses bougent, la jeune élève boursière, venue de Landerneau pour intégrer cette première année de classe préparatoire PSCI, faite de mathématiques, beaucoup, de physique, de chimie et sciences de l’ingénieur, tend à se croire imposteur, bien davantage que les garçons.
Au lycée de l’Elorn, d’où elle arrive, en « maths expert », elles n’étaient que trois filles. Éléa avait également opté pour une spécialité Sciences du numérique et de l’informatique. Elle code, en Python, un peu d’HTML.
« L’informatique, en cours, cela me donne confiance, car je suis en capacité d’aider les autres élèves », répond Éléa.

« Ça a été un sujet de discorde »
Dans sa famille, on aime la nature et les longues balades en forêt. Les sciences aussi, même si ses parents n’ont pas bien saisi, au départ, pourquoi elle s’envolait pour Quimper, alors qu’une classe préparatoire analogue existe à Brest. « Ça a été un sujet de discorde », confie l’intéressée.

En discutant, sa mère a compris ses motivations. Arwen, sa sœur ainée, suit un cursus de biologie et d’anglais à Rennes.
« Pour l’instant, je ne suis rentrée qu’une fois, le train part à 15 h, le samedi, j’arrive vers 16 h, pour repartir le dimanche à 20 h, ça fait court. »
« On mange ensemble, on s’entraide »

À la mi-septembre, elle a eu un petit coup de mou. « Physique, chimie, maths, anglais et une petite dose de français et de philosophie. Au début, ça allait, et puis on nous a dit que le rythme allait s’accélérer. »
Une vie millimétrée par des objectifs de résultats, dans la bienveillance et une atmosphère qui laisse la place au soutien et aux amitiés, mais, à en croire la jeune femme. Avec le groupe des filles, ça a tout de suite pris : « On mange ensemble, on a créé un Instagram », raconte Elea, qui s’entend également très bien avec plusieurs garçons de sa classe, dont un, qui lui donne de bons coups de main en maths.  « Le Covid est passé par là » intervient Keven Commault, enseignant en mathématiques.
« Nous insistons davantage sur le bien-être des élèves. La véritable pression, qu’on encourage, c’est celle que l’élève se mettre à lui-même », reprend le professeur.
Logée dans un petit collectif, non loin de la piscine de Kerlan Vian, Éléa essaie d’établir le programme qui lui permettra de tenir la distance, selon les mots de cette étudiante qui rêve d’aéronautique et de spatial.
« de tout donner pendant deux ans », Lever vers 6 h 50 pour un début des cours à 8 h, retour à la maison vers 18 h 30, l’heure à laquelle elle n’a plus accès à son téléphone qu’elle a programmé pour se concentrer, « enfin je n’ai accès qu’aux messages et à la musique mais pas aux autres applications ».

Le week-end, un film ou un footing avec un ami, du repos, des dîners qu’il faut penser, les temps de lessive qui sont une vraie pause, elle apprend l’autodiscipline, les remous émotionnels.
« Avant, je rentrais, ma mère faisait à manger. Là, c’est à moi de tout prévoir, les cours, les courses, le budget avec les bourses » , raconte Éléa, qui va rentrer de temps à autre, en même temps que sa sœur, quand c’est possible.

Le 20 septembre, elle parlait de se mettre à la grimpe avec plusieurs autres camarades. La salle d’escalade n’est pas loin de chez elle.

Marion GONIDEC (OUEST-FRANCE – 16/10/2024).